Ceux qui ont visité mon site "Les visiteurs du soir… et du matin" ont pu se rendre compte à quel point j'aime les belles images. Mais je suis aussi amoureux des… mots.
La langue française est un patrimoine précieux que nous partageons avec tous les Français et tous ceux qui, à travers la planète, se la sont appropriée. Nous l'avons reçue en héritage et nous avons le devoir de la transmettre sans la dénaturer. C'est dire si je suis bien triste quand je vois les maltraitances qu'elle subit parfois de nos jours.
A contrario, j'ai une grande estime pour tous ceux, les gens simples, qui la traitent avec respect et s'expriment correctement ; j'ai une profonde admiration pour ceux, les écrivains, qui la pratiquent avec talent et produisent les chefs-d'œuvre de notre littérature ; j'ai une immense vénération pour ceux, les poètes, qui savent si bien la ciseler au point de créer des œuvres d'art.
Parmi les différents types de poésies, j'ai un goût particulier pour le Sonnet…
Le sonnet est vraiment un genre singulier dans ce fascinant univers du Parnasse. Il doit entrer dans un cadre prédéfini et doit obéir à des règles de versification (métrique, rimes…) rigoureuses.
Un sonnet compte toujours quatorze vers (le plus souvent des alexandrins) répartis en deux quatrains et deux tercets. On ne trouve que deux rimes pour les huit vers des quatrains (généralement distribuées ainsi : abba, abba) et trois rimes pour les six vers des tercets (avec une disposition plus libre : cdd, cee / cde, cde / cde, dce / ccd, ede……). De plus, il s'agit de faire entrer une "histoire" complète, une pensée unique dans cet espace-temps restreint… un peu comme le théâtre classique doit se plier à la règle des trois unités (temps, lieu, action) dans la tradition de la tragédie antique et selon les recommandations rapportées par Boileau.

Nicolas Boileau (1636 - 1711), dans "L'Art Poétique" – imposant poème didactique de 1100 alexandrins (!) qui définit les règles fondamentales de l'écriture poétique – s'est aussi occupé, entre autre, du Sonnet. Il y expose les "rigoureuses lois" d'inspiration divine (Apollon) qui doivent présider à la construction d'"Un sonnet sans défaut" :

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"On dit, à ce propos, qu'un jour ce Dieu* bizarre,
Voulant pousser à bout tous les rimeurs françois,
Inventa du Sonnet les rigoureuses lois ;
Voulut qu'en deux quatrains, de mesure pareille,
La rime, avec deux sons, frappât huit fois l'oreille ;
Et qu'ensuite six vers, artistement rangés,
Fussent en deux tercets par le sens partagés.
Surtout, de ce Poème il bannit la licence ;
Lui-même en mesura le nombre et la cadence ;
Défendit qu'un vers faible y pût jamais entrer,
Ni qu'un mot déjà mis osât s'y remontrer.
Du reste, il l'enrichit d'une beauté suprême
Un Sonnet sans défaut vaut seul un long Poème. "
[*Apollon]

Et le genre a tellement été servi, honoré et sublimé par les plus grands noms de la poésie française : François Villon (avec un V !), Clément Marot, Pierre de Ronsard, Joachim du Bellay, Rémi Belleau, Alfred de Vigny, Victor Hugo, Alfred de Musset, Stéphane Mallarmé, José-Maria de Heredia, Gérard de Nerval, Charles Baudelaire, Paul Verlaine, Arthur Rimbaud……et tant d'autres…

Malgré cela, je me suis aventuré à taquiner Calliope pour honorer mes deux fleurs préférées le datura et le brugmansia qui appartiennent tous deux à cette riche famille botanique des Solanaceae. Je les ai rebaptisés "Datu" et "Brugma" pour la circonstance.
En présence d'un aréopage de poètes aussi prestigieux, il ne faut pas avoir peur du ridicule pour oser aligner quelques bouts rimés en forme de sonnet (abba, abba, cdd, cee).
En fait, avec ce sonnet de pacotille, je n'ai en rien la prétention d'avoir produit une œuvre littéraire… je n'ai pas, à ce point, le talent du verbe. Il s'agit tout simplement d'une fantaisie, d'un clin d'œil pour présenter de manière plaisante ces deux fleurs si souvent confondues par le public.
Et si ces quelques vers permettent à chacun de savoir que le datura présente des fleurs dressées vers le ciel, tandis que la fleur de brugmansia, toujours pendante, regarde la terre… c'est déjà pas mal !

André ARTAUX

Petit sonnet pour Datu. et Brugma.


Dans la nuit étoilée d'un coin de Solanie,
Et Datu et Brugma, les célèbres cousins,
Échangeaient à tout va, jusqu'au petit matin,
Des piques de défiance et traits de jalousie.

Mon cher cousin Brugma, tes fleurs sont très jolies
Mais baissent le regard, ce n'est pas bien malin.
Moi, poursuivit Datu, d'un ton vif et taquin,
J'ouvre ma corolle droit vers les galaxies.

Un sphinx qui voletait en quête de pitance
Entendit ce discours et se mit en colère :
Pourquoi se chamailler ? dit-il aux deux compères.

Vous embaumez la nuit d'une égale fragrance,
Vous enchantez le temps d'une égale splendeur
Et vous donnez à tous un sans égal bonheur.

"Un Sonnet sans défaut vaut seul un long Poème."

C'est ce que nous dit Nicolas Boileau dans son poème didactique : L'Art Poétique.

Alors, mon petit sonnet ne fait vraiment pas le poids car il présente sûrement plein de petits défauts mais, surtout, il en comporte un très gros... un énorme défaut qui déroge par cinq fois à une des recommandations données par Boileau.

Question : Quel est ce gros défaut qui aurait valu à mon sonnet d'être irrémédiablement retoqué par Boileau ?

Réponse : Si vous voulez vérifier – sans tricher ! – la pertinence de votre recherche,... la réponse est cachée dans le cadre ci-dessous.

Merci à vous qui avez eu assez de courage pour me lire jusqu'au bout !!!
Vous pouvez me faire part de vos réflexions et remarques
en vous exprimant sur le Livre d'Or de mon site (ci-dessous).