Brugmansia "Pink Perfektion"

Comme la coccinelle et le doryphore, la Cétoine dorée (Cetonia aurata – Famille des Scarabeideae) appartient à l'ordre des coléoptères. C'est un gros insecte commun dans tous les jardins où il ne passe pas inaperçu dans sa belle cuirasse vert métallisé comparable à celle du carabe. Il fréquente de préférence les fleurs des églantiers et des rosiers pour se nourrir de leurs étamines gorgées de pollen... ce qui lui vaut parfois le nom de "hanneton des roses". Il est de ce fait peu apprécié des rosiéristes. Mais on le rencontre aussi sur de nombreuses autres fleurs (ombellifères, sureau, spirées, lys, hibiscus, hémérocalles...).
Contrairement à ce qui se passe chez d'autres coléoptères, les élytres de la Cétoine sont soudées... elles ne s'ouvrent donc pas pendant le vol.

La larve – gros ver qui paye un lourd tribut à sa ressemblance avec le ver blanc du hanneton – est saproxylophage, c'est à dire qu'elle se nourrit de bois et végétaux en cours de décomposition. C'est la raison pour laquelle on la trouve en abondance dans les tas de compost où elle est trop souvent massacrée à cause de cette ressemblance, alors qu'elle s'y révèle particulièrement utile.

C'est à l'éminent entomologiste Jean-Henri FABRE (1823-1915) que nous laisserons le soin, en toute humilité, de conclure cette page consacrée à la Cétoine dorée.

Après plusieurs années passées dans les profondeurs obscures et nauséeuses des tas de compost... et ignorée de tous (presque !), la cétoine achevée semble prendre un réel plaisir à s’exhiber sur les plus belles fleurs du jardin. Elle apprécie le soleil qui lui permet de jouer avec la lumière et d’offrir aux regards ses reflets métallisés.

Les élytres de la cétoine sont soudées entre elles et ne s'ouvrent donc pas pendant le vol. Elles se soulèvent juste un petit peu pour laisser un passage aux ailes membraneuses (flèche blanche). Celles-ci peuvent alors se déployer au niveau des échancrures situées à l'avant des élytres (flèches rouges) pour assurer le vol.
Le vol de la cétoine est lourd, puissant et bruyant.

Un gros plan de la tête de la cétoine dorée fait penser à une créature tout droit sortie du dernier film de science fiction.

Dans leur environnement naturel, les larves de la cétoine vivent dans les arbres creux ou les vieilles souches où elles se nourrissent de bois mort et de déchets végétaux. Mais elles se sont parfaitement adaptées à la pratique du compostage. En retournant mon tas de compost de 2m3, j'ai récolté ces 107 larves. Bien entendu, elles y ont été réintroduites. Sortie de son milieu, la larve se déplace par reptation sur le dos. Alors, ces petites pattes, elles ne servent à rien ???... Réponse par J. H. FABRE.

Ces larves ne sont pas seules dans le compost. Elles y côtoient ces vers californiens de la lombriculture (Eisenia andrei). J'ai introduit quelques individus récoltés dans des sacs de lombricompost. Aujourd'hui, ça grouille ! [Ne pas confondre avec notre ver de terre (Lumbricus terrestris)]. Mais le tas de compost, c'est aussi ces micro-organismes bactériens qui participent au boulot mais échappent à mon objectif. Tout ce petit monde transmute de la m.... en "or"... C'est la nouvelle alchimie !

Arrivée à maturité, la larve entre dans sa phase de transformations. Elle s'entoure d'une coque ovoïde en utilisant des petits débris (empruntés au milieu) qu'elle maçonne avec ses propres déjections selon une technique expliquée ci-dessous par l'entomologiste J. H. FABRE. C'est à l'intérieur de cette "cabine à métamorphose", qu'elle se mue en une nymphe qui deviendra l'imago.
Quand l'insecte est achevé, il pratique une ouverture dans la coque et découvre enfin l'air frais (!), la liberté, la lumière, les fleurs, l'amour... la Vie quoi !

PLAIDOYER POUR LA CÉTOINE DORÉE

Combien de larves de cétoine sont massacrées chaque année par des jardiniers mal informés qui les confondent avec le ver blanc du hanneton ? Il est pourtant très facile de les distinguer :
Ver blanc du hanneton : grosse tête - petit cul !
Larve de cétoine : petite tête - gros cul !
Le ver blanc du hanneton ne se trouve que dans le jardin où il se nourrit de racines vivantes et cause de gros dégâts s'il est abondant. Quant au ver qu'on rencontre dans les tas compost et qui se nourrit exclusivement de végétaux en cours de décomposition, il ne peut être que celui de la cétoine dorée.

Halte aux massacres dans les tas de compost !!!

Jean Henri FABRE (1823-1915)

Naturaliste, entomologiste, éthologue, philosophe, écrivain, poète... il était inéluctable que Jean-Henri FABRE fît son entrée sur ce site qui donne la part belle aux insectes. C'est la Cétoine dorée qui me fournit l'occasion de rendre modestement hommage à cet illustre homme de lettres et de sciences.
FABRE a pratiqué une petite ouverture dans la coque. Il a pu ainsi observer la technique utilisée par le ver pour colmater la brèche... Et il le raconte tellement bien !
Extrait de Souvenirs entomologiques ouvrage majeur de J. H. FABRE.

Alors, les petites pattes du ver, elles ne servent à rien ???...

"...De la pointe du canif, démolissons avec réserve. Regardons. Le ver est roulé en crochet presque fermé. Inquiet, il met la tête à la lucarne que je viens d'ouvrir ; il s'informe des événements. L'accident est vite reconnu. Alors le crochet achève de se fermer, les pôles contraires viennent en contact l'un de l'autre, et du coup voici le constructeur en possession d'une pelote de mastic que l'usine stercorale vient de fournir à l'instant même. Pour obéir avec cette promptitude, il faut certes à l'intestin des complaisances spéciales. Celui du ver des Cétoines les possède à un haut degré ; aussitôt requis de fonctionner, il fonctionne.
Maintenant se révèle le vrai rôle des pattes. D'usage nul pour la marche, elles deviennent de précieux auxiliaires au moment de bâtir. Ce sont de petites mains qui saisissent la pièce cueillie par les mandibules, la tournent, la retournent, la maintiennent, tandis que le maçon la subdivise et la met en place économiquement. La pince mandibulaire fait office de truelle. Elle happe dans le bloc un lopin après l'autre ; elle mâche, pétrit la matière, puis l'étale sur le bord de la brèche. Le front refoule et aplanit à mesure. Quand sera épuisée la provision du moment, le ver, s'incurvant de nouveau en crochet fermé, obtiendra une autre pièce de son entrepôt, toujours docile à ses ordres.
Le peu que nous permet de voir la brèche, assez prestement réparée, nous dit ce qui se passe dans les habituelles conditions. Sans le secours des yeux, on voit le ver qui fiente par intervalles et renouvelle sa provision de ciment ; on le suit cueillant la motte du bout des mandibules, l'enserrant des pattes, la débitant à son gré et la plaquant de la bouche et du front aux points faibles de la muraille. Un roulement de croupe donne le poli. Sans emprunt aucun de matériaux étrangers, le bâtisseur trouve en lui-même les moellons de son édifice.
Semblable talent stercoraire est le lot des autres larves à puissante bedaine, portant sur le ventre large écharpe brune, insigne du métier. Du contenu de leur besace intestinale, elles se construisent la cabine à métamorphose. Toutes nous parlent de la haute économie qui sait ouvrager l'abject en décent, et faire sortir d'une boite d'ordure la Cétoine dorée, hôte des roses et gloire du printemps....
"


Merci, Monsieur FABRE, pour cette belle page d'anthologie !

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