Solanum tuberosum

Belle solanacée qu'on trouve dans toutes les jardineries depuis le 01/04/2007 !!!

Tout le monde connaît le doryphore (Leptinotarsa decemlineata) ce magnifique coléoptère de la famille des Chrysomelidae. Sa réputation de ravageur des champs de pommes de terre n'est plus à faire. L'épithète de son nom binominal latin,"decemlineata" (= dix lignes), rend bien compte de son aspect tout comme l'épithète "septempunctata" (= sept points), rend compte de l'aspect de la coccinelle à sept points. Le doryphore est un insecte phytophage spécifique des solanacées en général, de la pomme de terre en particulier. Comme sa plante nourricière préférée il nous vient des Amériques.
C’est au cours du XVIIIème siècle que la culture de la pomme de terre s'est développée en France et en Europe (Parmentier, – à part le hachis éponyme – ça vous rappelle quelque chose ?).
Il était inéluctable qu'un jour ou l'autre les doryphores fissent la traversée de la grande... flaque ! C'est entre les deux guerres qu'ils ont envahi l'Europe, jusqu'à pulluler dans les années 40 à tel point que les nazis ont accusé les Américains d'avoir largué, par avions, des cargaisons de "potato beetles". Pendant la même période, on avait pris l'habitude, en France, de désigner les occupants par le sobriquet de "doryphores" à cause de leur grand nombre et des ponctions qu'ils effectuaient sur les ressources alimentaires du pays.
On entend souvent dire qu'il suffit de planter des pieds de datura près des pommes de terre pour les protéger. Les doryphores, attirés par les daturas, s'empoisonneraient à les consommer. Cette idée circule beaucoup sur les forums internet. Elle est même relayée sur Wikipedia alors que, sur la même page, la célèbre encyclopédie signale le datura parmi les plantes nourricières du doryphore (!!!)
Pour plusieurs raisons, je suis très dubitatif sur le sujet... Mais le mieux n'est-il pas d'expérimenter ?...

Le doryphore (Leptinotarsa decemlineata) porte une très jolie livrée jaune pâle rayée de dix lignes marron foncé. Le moins qu'on puisse dire, c'est que sur les pommes de terre, il ne passe pas inaperçu.

Faut bien assurrer la descendance !!!
L'imago (maman ou papa), qui n'a plus besoin de grandir, grignote bien quelques feuilles par gourmandise ou pour garder la forme mais il cause peu de dégats.
La maman, une fois l'union consommée, dépose ses oeufs au revers des feuilles. Elle est alors prête pour une nouvelle aventure.
Quant au papa, il n'a plus qu'une seule chose à faire... batifoler et honorer d'autres mamans !!!

La larve du doryphore est loin d'être aussi avenante que le bel imago qui l'a engendrée. Elle est aussi beaucoup moins sobre et ne se contente pas d'un frugal repas épisodique. Les nombreuses larves issues d'une ponte sont d'une voracité rare. Il ne leur faut que quelques jours pour débarrasser un pied de pommes de terre de toutes ses feuilles.
Les larves à maturité accomplissent leur nymphose en terre.
La traditionnelle "bouillie bordelaise" vient facilement à bout du fléau.

Dans mes collections botaniques, il y a beaucoup de solanacées dont sept espèces de daturas (D. stramonium, D. stramonium lilac, D. inoxia, D. wrightii, D. metel purpurea, D. metel chlorantha, D. ceratocaula). Datura stramonium est même naturalisé dans la serre comme dans le jardin. Aucun doryphore ne s’est jamais établi sur ces daturas malgré – ou à cause de (?) – la proximité des pommes de terre du jardin où ils sont légion. Je n’en ai jamais vus non plus sur brugmansias, piments, tomates, morelles, physalis, nicandra, nicotiana… Par contre, plusieurs individus se sont installés durablement sur aubergines et Solanum aviculare.
Devant tant de mauvaise volonté (!), j’ai dû forcer les choses pour mes expériences. J’ai choisi la plus diabolique de nos solanacées : la Belladone (Atropa belladonna – CF : page "Autres punaises") avec la panoplie des redoutables alcaloïdes qu'elle recèle (atropine, hyosciamine, scopolamine...). Sans leur demander leur avis, j’y ai installé :
- Un insecte parfait (les trois photos ci-contre).
- Une larve (les deux photos ci-dessous)…........

L'insecte, qui pouvait s'en aller, s'est adapté et a attaqué les feuilles qu'il a trouvées à son goût. Il les a grignotées impunément pendant de longs jours...

La larve, elle, a délaissé les feuilles. Elle a jeté son dévolu sur la fleur qu'elle a longuement déchiquetée. Elle n'a montré aucun signe de souffrance...

LES DORYPHORES ET LES DATURAS

- Dans un environnement où il y a de nombreuses espèces de solanacées, les doryphores s'établissent en quasi totalité sur les pommes de terre. En cas de disette ils peuvent s'accommoder de quelques autres Solanaceae mais quand ils ont le choix, ils ne se trompent pas de menu.
- Toutes les solanacées renferment des alcaloïdes, à des degrés divers de concentration et de dangerosité. Comment pourrait-on imaginer que les doryphores, insectes spécifiques de cette famille botanique, fussent "allergiques" à ces alcaloïdes ?... A-t-on jamais vu un panda allergique au bambou !
Mes observations n'ont pas été conduites avec la rigueur qui sied à toute véritable expérimentation scientifique. Les conclusions que j'en tire ne sont donc pas nécessairement définitives.

Qui veut faire ses propres expériences ?...

LES DORYPHORES ET MOI !

Pour mener à bien mes exprériences, il me fallait absolument des daturas et des pommes de terre dans le jardin. Pour les daturas, j'avais tout ce qu'il fallait mais j'ai dû planter des pommes de terre. Pendant deux années consécutives, je n'ai pas vu l'ombre d'une bestiole ! J'ai dû me résoudre à demander, tout penaud, à mon entourage : "Z'auriez pas des doryphores à me donner pour les mettre sur les patates de mon jardin ?" A la mine déconfite de mes interlocuteurs, j'ai bien vu que ma santé mentale était sérieusement mise en doute... j'ai frôlé l'internement psychiatrique ! Mais j'ai finalement trouvé un généreux donnateur et aujourd'hui mon jardin est copieusement peuplé de doryphores !!!

Qui en veut ?...

LES DORYPHORES ET LE MARÉCHAL !

Durant la dernière guerre, alors que j'usais mes fonds de culottes courtes sur les bancs de la communale, le Maître d'école nous emmenait régulièrement dans les champs de pommes de terre pour faire la guerre aux doryphores... ordre du Maréchal !!! (Le DDT – interdit aujourd'hui – n'était pas encore opérationnel). "Armés" d'une boîte de conserve vide et déployés en tirailleurs, nous arpentions les parcelles avec la mission de capturer insectes, larves et oeufs. A l'issue de la bataille, l'ennemi était brûlé vif !!! Nous n'avions pas conscience, alors, d'être les premiers... "écolos" !!!
Mais ces opérations commando étaient pour nous jubilatoires car elles nous permettaient d'échapper à l'épouvantable... dictée (!) et nous donnaient une folle envie de chanter à tue-tête :

"Doryphores... nous voilà !!!..."

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