Datura ceratocaula

Si Moro-sphinx (Macroglossum stellatarum) et le Sphinx du liseron (Agrius convolvuli) sont les hôtes privilégiés des massifs de fleurs, ils ne sont pas les seuls. D’autres sphinx ne dédaignent pas venir explorer les lieux pour peu qu’ils trouvent sur place les plantes nourricières spécifiques de leur chenille – gaillet, liseron, résineux, tilleul, troène, chèvrefeuille, vigne, solanacées, épilobe... – ou des ruches pour le mythique Sphinx Tête-de-Mort (Acherontia atropos) qui se délecte du miel qu’ont accumulé les abeilles. La principale préoccupation de ces papillons n’est pas de se nourrir mais d’assurer la pérennité de leur espèce. Cette page leur est réservée. Ils y prendront place au fur et à mesure des visites dont ils voudront bien honorer mon jardin et de la bonne volonté qu’ils mettront à poser devant mon objectif !

Le Sphinx du tilleul (Mimas tiliae) se rencontre partout où poussent des tilleuls, nourriture préférée de sa chenille. Il est donc fréquent dans les jardins et en milieu urbain. Il est de mœurs nocturnes mais il ne faut pas trop l’attendre dans les massifs de fleurs. Sa trompe est totalement atrophiée… il ne se nourrit donc pas. Sa seule raison de vivre est de rencontrer l’âme sœur pour assurer la descendance !!! Celui-ci a dû trouver à son goût le gros tilleul de mon jardin.

Il est l’inventeur de la tenue de camouflage largement utilisée par les militaires !!!

La chenille arbore une splendide robe verte striée de rouge et de blanc. Le scolus est bleu. Il est menaçant mais totalement inoffensif.

Le Sphinx ocellé (Smerinthus ocellata) est aussi appelé Demi-paon  en raison de ses ocelles qui ne sont présents que sur les ailes antérieures. Les papillons « Paon » (de jour ou de nuit) portent des ocelles sur les quatre ailes.
Comme son cousin du tilleul, il pratique l’art du camouflage.

Le Sphinx du pin (Hyloicus pinastri) est de taille modeste et sa robe est assez terne. J’attribue la présence de cet exemplaire dans mon jardin à l’existence d’un grand cèdre. Le gros plan de la tête permet de remarquer les gros yeux adaptés à la vision nocturne et la présence de la trompe bien enroulée sous la tête.

A l'endroit ou à l'envers, avec ou sans soleil, la chenille joue du mimétisme.
La chrysalide montre un joli fourreau protecteur pour la future trompe.

Le Sphinx "Tête-de-Mort" (Acherontia atropos) est, avec le Grand Paon de Nuit, le plus gros papillon qu’on puisse rencontrer en France. C’est un migrateur qui nous vient d’Afrique. On le rencontre assez régulièrement mais c’est en 2003 – canicule oblige – qu’il fut abondant, faisant souvent la "une" de tous les quotidiens. Il ne butine pas mais, friand de miel, il n’hésite pas – au grand dam des apiculteurs – à s’introduire dans les ruches pour profiter du boulot fait par des autres ! Sa trompe est d’ailleurs bien adaptée à cette rapine. Elle est courte, robuste et acérée pour désoperculer les précieuses cellules. Faute de miel, il peut se nourrir aussi de fruits avancés et des exsudats de certains arbres.
Autre particularité, inattendue pour un papillon : Il est capable de pousser un cri s’il est saisi, histoire sans doute, de décourager son agresseur. Drôle de papillon !

Avec ce masque mortuaire "imprimé" sur le corselet et ce "cri du diable" qu'il émet, il n'est pas étonnant que cet "oiseau" de mauvaise augure (!) ait attisé toutes les superstitions et semé le trouble dans les chaumières. Si d'aventure vous le croisez (lui ou sa chenille), de grâce, laissez lui la vie...
Il ne vous arrivera rien !!!

La chenille de ce sphinx atypique est parée d'une somptueuse livrée verte agrémentée de chevrons verts, jaunes et bleus. Et la fantaisie s'affiche jusqu'au scolus jaune et... "fleuri" ! C'est dans la plénitude de ces chatoyantes couleurs qu'on la rencontre, le plus souvent, entrain de brouter goulûment dans les champs de pommes de terre (ou sur d'autres solanacées). A maturité, elle cesse de se nourrir, perd ses belles couleurs et arpente la campagne à la recherche d'un terrain meuble pour s'enfouir et commencer sa nymphose.

Il suffit de gratter légèrement le sol pour découvrir la chrysalide.
Hélas ! le papillon n'est jamais sorti... il est mort à l'intérieur.


Ces photos m'ont été aimablement communiquées par Philippe MOTHIRON (Lépi'Net, www.lepinet.fr). Je le remercie chaleureusement.


Cette chenille a été recueillie dans son jardin par Martine CONTIGNON à Varney (55). Je l'ai contactée après un article paru dans l'Est Républicain. Elle a bien voulu me confier... la bête. Je l'en remercie vivement.

MYTHOLOGIE

Acherontia atropos... Drôle de nom pour un papillon !!!

Acheron : Dans la mythologie grecque l’Acheron est le Dieu-fleuve sur lequel les âmes des défunts étaient embarquées, sans espoir de retour, vers les Enfers.
Atropos : Elle est l’une des trois Parques de la mythologie romaine (les Moires chez les Grecques) qui veillent au sort des mortels. Atropos était celle des trois soeurs qui était chargée de couper le fil de la vie ! (Les deux autres Parques se nommaient : Clotho et Lachesis).

Notre papillon a vraiment tout pour susciter les angoisses !!!

Le Grand Sphinx de la Vigne ( Deilephila elpenor) est commun partout. Il est remarquable par ses vives couleurs où domine le rose… ce qui lui vaut le sobriquet de Grand Pourceau !
Pourquoi "Grand" ?...
Tout simplement parce qu’il existe une espèce voisine : Le Petit Sphinx de la Vigne (Deilephila porcellus) dit aussi Petit Pourceau.

Tous les espoirs sont permis !!!
"Avant de devenir cet élégant papillon aux rutilantes couleurs, voilà par où je suis passé....

...je suis verte au sortir de l'oeuf. A défaut de vigne, mon mets de prédilection, je sais me contenter de gaillet, fuchsia, onagre, épilobe...
Mon scolus étant atrophié, j'ai dû inventer un autre stratagème de défense. Quand je me promène tranquillement je sors ma tête qui s'allonge à la manière d'un groin – pourceau oblige –. Dès qu'un danger se profile, je rétracte mon "groin", mes premiers anneaux se gonflent, les ocelles menacent. C'est du bluff... d'accord mais cette fausse tête qui se dresse en faisant les gros "yeux"... ça marche !!!
Je brunis, comme ici, quand vient le temps magique de la métamorphose. Tout se passe alors sous terre dans cette chrysalide".

CURRICULUM VITAE

Toutes les photos qui concernent ce Grand Sphinx de la Vigne appartiennent au même individu.
- 16 août 2008 : La chenille est trouvée en grande vadrouille dans une allée du jardin. Compte-tenu de sa couleur sombre, il est clair – si je puis dire (!) – qu'elle est arrivée à maturité... il est donc inutile de lui proposer la moindre collation. Elle est en quête d’un endroit tranquille pour entreprendre sa nymphose. Je lui offre l'hospitalité de ma serre... sans lui demander ses papiers (!) mais non sans avoir, au préalable, procédé aux clichés "entomométriques" (!!!) d’usage !
- 14 octobre 2008 : La chrysalide est extraite du sol pour la soustraire à la convoitise d'éventuels prédateurs. La métamorphose s'accomplit lentement à l'intérieur de cette carapace chitineuse à l'abri des regards et des... objectifs.
- 28 avril 2009 : Le papillon s’extirpe de sa gangue protectrice. Et, le temps d’un séchage et d’un "pomponnage" il se prête, dans ses nouveaux atours, à une nouvelle séance de photos comme les top-modèles sur le podium.
- 29 avril 2009 : Pendant un long moment, il fait vibrer ses ailes sur place – histoire de vérifier le bon fonctionnement et de faire... chauffer le moteur (!) – puis il prend son envol et disparaît dans la nuit...

L’aventure amoureuse peut commencer !!!

L'ÉNIGME DU SPHINX !

La Nature, qui n’a pas de dessein (Merci Darwin), garde quelques mystères tout comme le Sphinx – de Thèbes ou d’ailleurs – a ses énigmes !!!

Alors que tous les papillons de nuit sont plutôt ternes, comment expliquer que le Grand Pourceau se pare de couleurs aussi chatoyantes qui ne sont vues par personne... si on excepte quelque paparazzo un peu voyeur ! ?

Qui peut répondre à cette question ?

Le Sphinx du troène (sphinx ligustri) est de belle taille et ressemble beaucoup au sphinx du liseron par son corps trapu rayé de brun et de rose. Il se distingue pourtant assez nettement par les dessins des ailes et un corselet bien noir. Il est fréquent dans les jardins où la chenille trouve des garde-manger bien garnis (troène, viburnum, sureau, spirée, lilas…). Il lui arrive également, les soirs d’été, de pénétrer dans les maisons, attiré par les lumières.

Faute de fleur plus attrayante, il s’est contenté, ici, de se poser sur mon pull !!!

La chenille du sphinx du troène est remarquable par sa taille et sa belle robe d'un vert vif rayée de chevrons blancs et mauves. Le scolus est impressionnant mais tout aussi inoffensif que chez les autres sphinx. Elle se nourrit des feuilles du troène mais ne dédaigne pas le lilas, le frêne...
Elle aussi voit ses couleurs se dégrader quand vient le temps de la nymphose. Ici ce temps est arrivé. MAIS ???......

MAIS... QU'EST-CE QUE C'EST ?

Sur les deux dernières photos, on remarque de nombreux points blancs répartis de façon aléatoire sur tout le corps de la chenille alors qu'on ne voit rien sur les deux précédentes.
S'agit-il d'une de ces fantaisies gratuites dont la nature est friande ? S'agit-il d'une maladie anodine, d'une mycose boutonneuse ou, pourquoi pas, d'une "déco" inventée par une chenille atteinte de sénilité. A moins qu'il ne s'agisse, tout bonnement, d'une nouvelle énigme perverse du sphinx ? J'avoue que, sur le moment, je ne me suis pas posé toutes ces questions mais j'ai dû contenir ma stupéfaction au moment de la révélation... La réalité est à la fois plus banale et surtout, plus tragique...

Fin du suspens sur la page suivante...

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