Brugmansia bicolore
du 01/04/2010 !

Certaines espèces animales traînent une bien mauvaise réputation auprès de l’espèce Homo sapiens que nous sommes. Chauves-souris, chouettes, crapauds, reptiles, araignées et... insectes ne correspondent pas tout à fait à nos canons de l’esthétiquement correct. Ces mal-aimés de la gent animale génèrent souvent des répugnances, des superstitions et autres phobies… tout cela étant, bien entendu, totalement injustifié et irrationnel.
Mais parmi les insectes, il en est un qui vole – si je puis dire – à contre-courant dans cet obscurantisme ambiant et qui jouit d’un énorme capital de sympathie, c’est la coccinelle.
La "Bête à Bon Dieu" est chantée dans les écoles maternelles (en forte concurrence avec la "Souris Verte" !) ; elle a été célébrée par les poètes (V. Hugo, R. Desnos, E. Rostand, M. Carême…) ; elle a donné son nom à des artistes, des enseignes, des associations... Sans oublier bien sûr la fameuse "Voiture du Peuple" !!!...
Quant à nos amis d'Outre-Manche, ils l'ont honorée d'un bien joli nom : "Ladybird".
Et en plus – superstition bien agréable – elle porte bonheur !!!
Mais ce qui retient notre attention ici, c’est la coccinelle, amie et complice du jardinier.

La Coccinelle est cet élégant coléoptère qu'on ne présente plus. C'est une petite demi-sphère rouge ou jaune ou noire... parsemée de points noirs ou rouges. C'est d'ailleurs le nombre de points (2, 5, 7, 10, 14, 22) qui détermine l'espèce. Ici nous avons à faire à la coccinelle à sept points (Coccinella septempunctata) qui est de loin la plus répandue. On la trouve partout de la ville à la campagne...
Il n'était pas facile pour elle de répartir sept points de façon symétrique sur sa carapace mais elle a trouvé le truc... elle a placé le septième point à cheval sur les deux élytres !

Aux variations de couleur et de ponctuation s'ajoutent des fantaisies de couleurs et de décoration sur le thorax et la tête.

Deux étapes absolument indispensables pour assurer la survie de l'espèce. Et tout cela se passe sur un cytise infesté de pucerons... Le festin est proche !...

Le festin est commencé. Ce n'est pas par hasard que maman coccinelle – après l'étreinte – a déposé ses oeufs sur ce cytise infesté de pucerons. Elle-même déguste quelques exemplaires bien dodus par gourmandise mais c'est surtout sa nombreuse progéniture qui se livre à des orgies gargantuesques. Chaque larve est capable d'ingurgiter plus de cent pucerons par jour. C'est pourquoi cette larve aphidiphage est vraiment l'amie des jardiniers. Seulement voilà......

Seulement voilà... sur ce cytise vit aussi une importante colonie de fourmis qui ne voient pas d'un très bon oeil (fut-il à facettes !) une telle voracité décimer leur précieux élevage aphidien car les fourmis se nourrissent du miellat que secrètent leurs protégés. Les deux espèces, en forte concurrence alimentaire, se livrent un combat chimique sans merci. Est-on dans "l'univers impitoyable" de Dallas ?... Ce n'est en fait que la dure loi de la nature : la "Struggle for life" de Darwin !

La larve est ici à son quatrième et dernier stade de développement. Elle se fixe alors sur un support (feuille ou branche) pour accomplir sa nymphose.

La coccinelle asiatique (Harmonia axyridis) est originaire de Chine. Elle a été importée aux États-Unis et en Europe pour des raisons écologiques (!) en raison de sa prolificité et de sa grande voracité. Devenue invasive, elle est aujourd'hui considérée comme nuisible car elle se développe aux dépens des espèces autochtones. Elle se présente sous de grandes variations dans les couleurs, les dessins du corselet et du nombre de points. Elle hiverne dans les maisons où elle s'agglutine en colonies parfois très nombreuses.


Ladybird : C'est par ce joli nom que nos amis anglophones désignent notre "Bête à Bon Dieu"


– Les photos et informations qui suivent m'ont été communiquées par ma petite fille, Aloïs ARTAUX. Elle les a recueillies au cours d'un stage effectué – dans le cadre de sa formation universitaire – dans un laboratoire de recherche à Dundee en Écosse.
Je la remercie et lui fais un gros bisou.

– Chaque boîte de Petri reçoit 5 coccinelles (4 femelles et 1 mâle), une feuille de framboisier et un maximun de pucerons.
– Naissance d'une larve et accouplement toujours en boîte de Petri.
Objectif : Observer la capacité d'ingestion de pucerons par les larves de coccinelles pour étudier leur utilité dans le cadre d'une lutte biologique contre les pucerons, ravageurs des framboisiers cultivés en Ecosse.

LA COCCINELLE PARASITÉE (Quoi que !!!...)

Il s'agit en fait beaucoup plus d'esclavage que de parasitisme. Une petite guêpe (Dinocampus coccinellae), diaboliquement inventive, profite d'une petite faille dans la carapace entre la tête et le thorax pour pondre un oeuf, un seul, à l'intérieur de notre coccinelle. La larve issue de cet oeuf se développe sur les réserves accumulées par son hôte sans toucher aux organes vitaux. A maturité, elle sort du "resto" et s'installe en terrasse (flèche rouge)... où elle tisse un énorme cocon (flèche bleue) solidement amarré entre les pattes de la coccinelle. Celle-ci, encombrée d'un tel paquet, se trouve immobilisée et sert de bouclier protecteur à cet insolent squatter. La nymphose terminée, la guêpe quitte les lieux rendant ainsi sa liberté à son garde du corps qui peut reprendre sa vie de coccinelle.

Mais où la nature va-t-elle chercher de tels stratagèmes ?...

LA COCCINELLE ET LES POÈTES

LA COCCINELLE
Dans une rose à Bagatelle
Naquit un jour la coccinelle.
Dans une rose de Provins
Elle compta jusqu'à cent-vingt.
Dans une rose à Mogador
Elle a vécu en thermidor.
Dans une rose à Jéricho
Elle évita le sirocco.
Dans une rose en Picardie
Elle a trouvé son Paradis :
Coccinelle à sept points,
Bête à bon Dieu, bête à bon-point

Robert DESNOS

COCCINELLE

Coccinelle, demoiselle
Où t’en vas-tu donc ?
Je m’en vais dans le soleil
Car c’est là qu’est ma maison.
Bonjour, bonjour, dit le soleil,
Il fait chaud et il fait bon.
Le monde est plein de merveilles
Il fait bon se lever tôt.

Edmond ROSTAND

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